Retraites : Emmanuel Macron s’adresse aux Français pour tenter d'”apaiser” la colère


Alors que la contestation ne faiblit pas après l’adoption au forceps de la réforme des retraites, le président français Emmanuel Macron doit s’exprimer mercredi lors d’une interview télévisée à 13 h. Il a appelé mardi son gouvernement à “apaiser” et “écouter les colères”, tout en estimant que “la foule” n’avait pas de “légitimité” face aux élus.

Emmanuel Macron va s’adresser mercredi 22 mars aux Français lors d’une interview télévisée très attendue, pour tenter d'”apaiser” la colère contre sa réforme des retraites adoptée au forceps et d’expliquer comment il entend surmonter cette crise sans changer son gouvernement ni s’en remettre aux électeurs.

Le chef de l’État, en retrait depuis janvier sur le dossier des retraites, répondra à 13 h, en direct à l’Élysée, aux journalistes Marie-Sophie Lacarrau de TF1 et Julian Bugier de France 2, à la veille d’une nouvelle journée de mobilisation syndicale jeudi et alors que les manifestations parfois émaillées de tensions se sont poursuivies dans le pays.

À Paris, un face-à-face tendu avec échanges de jets de projectile et de gaz lacrymogène a opposé mardi soir quelques centaines de personnes aux forces de l’ordre place de la République. Quarante-six personnes ont été interpellées. D’autres cortèges ont eu lieu à Lille ou à Grenoble, ainsi qu’à Rennes et à Nantes, où des tirs de gaz lacrymogène ont été recensés, ainsi que des dégradations en marge du cortège.

Plusieurs dépôts pétroliers restaient par ailleurs bloqués. Des incidents ont éclaté mardi à Fos-sur-Mer, près de Marseille, où les autorités ont procédé à des réquisitions de personnels en grève au moment où 12 % des stations-service du pays sont à court d’essence ou de gazole.

Face à ces tensions, Emmanuel Macron a appelé mardi le gouvernement à “apaiser” et “écouter les colères”, tout en assumant ses choix, selon des participants à une réunion avec les parlementaires de son camp au terme d’une journée d’intenses consultations.

La “foule” n’a “pas de légitimité”

“La foule, quelle qu’elle soit, n’a pas de légitimité face au peuple qui s’exprime souverain à travers ses élus”, a-t-il toutefois mis en garde. “Il y a à l’Élysée un artificier qui se balade sur les tonneaux de poudre avec une torche”, a réagi sur Twitter le chef des socialistes Olivier Faure, qui signe avec 2 500 élus PS une lettre ouverte au président publiée sur le site du JDD pour réclamer le retrait de cette réforme qui “dynamite notre contrat social”.

Dans la matinée, le chef de l’État avait résumé aux ténors du gouvernement et aux dirigeants de la Macronie son état d’esprit, à l’heure de relancer son second quinquennat, déjà entravé au bout de onze mois à peine. “Pas de dissolution, pas de remaniement, pas de référendum”, a-t-il dit selon un participant.

Malgré l’adoption définitive lundi par le Parlement de sa réforme phare, l’ensemble des syndicats et la quasi-totalité des oppositions continuent de réclamer son retrait, vent debout contre le report de l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans.

Le recours à l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer le texte sans vote a ravivé la contestation, d’autant qu’il a été suivi d’une motion de censure contre le gouvernement rejetée de seulement neuf voix.

Privé de majorité absolue depuis les législatives de juin, Emmanuel Macron n’a pas pu compter comme il l’espérait, sur les retraites, sur le soutien total des députés Les Républicains.

Dans un entretien au Figaro, l’ex-Premier ministre Édouard Philippe lui conseille “d’élargir” sa base politique avec “une coalition” allant “des LR aux élus de la gauche qui ne se retrouvent pas dans la Nupes”. Risqué, au vu du rejet exprimé par les oppositions.

“L’immobilisme”, “pas une option”

“Le problème, c’est le président de la République”, a estimé le chef des députés LR Olivier Marleix. Emmanuel Macron “a mis le feu et fermé toutes les issues” en “passant en force”, a dénoncé l’insoumis Jean-Luc Mélenchon, tandis que la patronne des députés Rassemblement national Marine Le Pen a prévenu dans un entretien à l’AFP que le président avait seul “les clés d’une crise politique qu’il a créée”.

Dans l’immédiat, le président a demandé à ses troupes de faire “d’ici deux à trois semaines” des “propositions” en vue d’un “changement de méthode et d’agenda des réformes”, ce qui pourrait lui permettre de temporiser sans faire d’annonces fortes ce mercredi. Il avait déjà annoncé une “méthode nouvelle” au début de son nouveau mandat, sans résultat probant à date.

Mardi soir, il a aussi promis d'”avancer” sur “la santé, l’école et l’écologie” tout en organisant “la société du plein emploi”. Dans la majorité, les attentes sont fortes. “Où va-t-on, comment on fait, qu’est-ce qu’on change ?”, veut savoir une députée de l’aile gauche du parti présidentiel Renaissance, qui prévient : “seul contre tous, c’est une erreur”.

Plusieurs voix l’incitent à “parler aux Français qui bossent”, “du pouvoir d’achat”, mais aussi de promettre de meilleures conditions de travail et rémunérations. Mais d’autres mettent en garde contre de nouvelles dépenses. “L’immobilisme n’est pas une option, c’est la garantie du déclassement”, prévient Édouard Philippe.

 

 

 

 

Avec AFP


IZINDI NKURU

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