Journée sanglante au Soudan, au moins 65 morts à Kadugli et Nyala

Le Soudan, en guerre, est de nouveau endeuillé. Des sources médicales ont rapporté, lundi, que des rebelles appartenant au Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord ont tiré des obus sur Kadugli (sud du pays), causant “la mort de 40 personnes” et “une frappe aérienne de l’armée à Nyala (ouest) faisant 25 morts”.

Un entrepôt de matériel médical détruit à Nyala, la capitale de l’État du Darfour du Sud, au Soudan, le 2 mai 2023. La ville a subi une attaque aérienne, selon des sources médicales, lundi 3 février 2025. © AFP

Les hostilités ne connaissent aucun répit, après bientôt deux ans d’une guerre dévastatrice au Soudan. Le pays a connu, lundi 3 février, une journée sanglante avec deux attaques dans le sud et l’ouest du pays ayant fait 65 morts et 133 blessés, selon des sources hospitalières.

Dans le sud du pays, des rebelles appartenant à la faction du Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (SPLM-N) dirigée par Abdelaziz al-Hilu ont tiré des obus sur Kadugli, la capitale du Kordofan-Sud tenue par l’armée soudanaise.

“Les bombardements ont causé la mort de 40 personnes et blessé 70 autres”, a déclaré à l’AFP une source de l’hôpital principal de Kadugli, sous couvert d’anonymat.

Le gouverneur du Kordofan-Sud, Mohamed Ibrahim, a indiqué à l’AFP que “l’attaque d’al-Hilu a ciblé un marché de Kadugli, et elle vise à déstabiliser” le Soudan. Il a promis de “nettoyer les montagnes autour de Kadugli” des forces du SPLM-N.

Ce mouvement rebelle, implanté dans les États du Kordofan-Sud et du Nil Bleu, affronte tant l’armée nationale que les paramilitaires des FSR, depuis le début de la guerre.

Les violences ont fait également des victimes dans l’ouest du pays. “Une frappe aérienne de l’armée sur le quartier du Cinéma à Nyala a fait 25 morts et 63 blessés”, a déclaré à l’AFP une source médicale sous couvert d’anonymat. Nyala, la capitale du Darfour-Sud est contrôlée par les FSR comme la quasi-totalité de la région du Darfour.

Des exécutions sommaires de civils dans le nord de Khartoum

Cette poussée des violences survient alors que l’armée a progressé face aux FSR à Bahri, dans le nord de Khartoum. La semaine dernière, elle a repris son quartier général dans la capitale.

Samedi, au moins 60 personnes ont été tuées et plus de 150 blessées dans un marché très fréquenté d’Omdurman, la ville jumelle de Khartoum, contrôlée par l’armée.

De l’autre côté du Nil, dans la capitale même, une frappe aérienne sur une zone contrôlée par les FSR fait deux morts et des dizaines de blessés parmi les civils, selon les secouristes.

Les deux camps sont accusés de cibler les civils et de bombarder sans discernement des zones résidentielles.

La guerre a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions de personnes et décimé les infrastructures fragiles du Soudan, forçant la plupart des établissements de santé à fermer.

Dans ce contexte, le secrétaire général de l’ONU s’est inquiété, lundi, d’informations faisant état d’exécutions sommaires de civils dans le nord de Khartoum qui seraient l’oeuvre de forces alliées à l’armée nationale, en guerre contre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) depuis avril 2023.

“De nombreuses victimes seraient originaires du Darfour ou des régions du Kordofan”, a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric. “Les femmes, les enfants et les hommes soudanais paient le prix des combats incessants.”

Plus de 600 000 personnes déplacées du Darfour-Nord

L’Organisation internationale pour la migration (OIM, agence des Nations unies pour la migration) a signalé 95 incidents depuis avril 2024 dans des localités du Darfour-Nord, dont plus de la moitié dans la capitale El-Facher encerclée par les FSR. “Ces incidents ont déplacé environ 605 257 personnes “, indique le rapport de l’OIM.

De son côté, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) s’est alarmé de “l’escalade de la violence et les attaques incessantes contre les civils.”

La coordinatrice humanitaire de l’ONU au Soudan, Clémentine Nkweta-Salami, a souligné que “le ciblage délibéré de zones civiles démontre un mépris flagrant pour la vie humaine et les principes fondamentaux du droit international humanitaire”.

L’Ocha s’est dit également “sérieusement préoccupé par l’augmentation des cas de malnutrition sévère dans l’État de Khartoum, où des informations font état de plus de 70 décès liés à la faim, principalement parmi les enfants”.

Selon l’ONU, “en janvier, plus de 1 100 cas de malnutrition sévère ont été enregistrés dans trois quartiers d’Omdurman”, ville jumelle de Khartoum.

Avec AFP

IZINDI NKURU

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