Joe Biden s’entête, les démocrates paniquent : qui craquera en premier ?


Joe Biden et les démocrates sont engagés dans un cycle infernal. Chaque jour depuis le débat calamiteux du 27 juin, l’inquiétude quant à l’état de santé du président américain grandit et les appels à se retirer au profit d’un autre candidat se multiplient. En réaction, chaque jour ou presque, Joe Biden espère mettre fin au vacarme dans son camp en répétant qu’il se maintient.

Lundi 8 juillet n’échappe pas à la règle. Cette fois, c’est dans une lettre adressée aux membres du Congrès que le chef de l’État à réitéré sa position, offrant deux principaux arguments : il serait le meilleur candidat possible face à Donald Trump, qu’il a déjà battu en 2020. Et le forcer à se retirer serait trahir le vote populaire des primaires démocrates. Au téléphone dans l’émission matinale de la chaîne MSNBC, il a ensuite affirmé se moquer de la pression exercée par les “élites” et les “grands noms”. “Allez-y, annoncez votre candidature. Défiez-moi à la convention”, a-t-il lancé. En parallèle, il tente de rassurer des donateurs de plus en plus paniqués par sa candidature et qui menacent de lui couper les vivres.

Des arguments qui agacent

Les élus et les ténors du parti sont au mieux embêtés, au pire très agacés par la stratégie de Joe Biden. Le meilleur candidat face à Trump ? En 2020, peut-être. Mais cette fois, le président cumule plusieurs mois de retard dans les sondages réalisés dans les États-clés de la présidentielle. Et une étude post-débat très remarquée a même placé Kamala Harris en meilleure position que lui face au républicain, notamment auprès de l’électorat indépendant, crucial. Globalement, 74 % des électeurs pensent qu’il est trop âgé pour être réélu président.

Par ailleurs, réaffirmer sa candidature dans un communiqué, un tweet ou une lettre ne suffit pas : les élus veulent voir Joe Biden davantage sur le terrain, hors script, et confronté aux questions des journalistes pour juger de sa performance. Ce débat raté était-il juste une mauvaise soirée, liée à un rhume ou au décalage horaire, comme a tenté de l’expliquer le candidat ? L’argument est osé quand on prétend diriger la première puissance mondiale quatre ans supplémentaires.

D’autant plus que les révélations se multiplient sur une Maison Blanche qui aurait tenté de cacher la vérité sur la forme physique et mentale du président. Un président qui serait véritablement fonctionnel entre 10 h et 16 h, beaucoup moins après, et qui aurait besoin de l’aide de ses équipes pour se souvenir de visages pourtant familiers.

Kamala Harris attend sagement

En attendant, la vice-présidente Kamala Harris se fait discrète. Elle continue évidemment à “faire le job”, c’est-à-dire soutenir son patron face à la tempête. Mais en coulisses, les démocrates en sont déjà à lui chercher un colistier, de préférence un profil modéré du Midwest qui lui serait complémentaire pour séduire l’électorat indépendant. Pour beaucoup d’analystes, elle serait le recours le plus simple et le plus efficace en cas de retrait de Joe Biden.

Elle hériterait des délégués et du trésor de guerre de la campagne démocrate, ce qui éviterait un casse-tête légal et un pugilat lors de la convention prévue au mois d’août. En bonus, son profil d’ancienne procureure ferait mouche face à un Donald Trump repris de justice.

Reste à savoir si Joe Biden acceptera finalement de lui laisser la place. Lundi, il a été conforté par le soutien du président de l’influent groupe des élus afro-américains à la Chambre des représentants, Steven Horsford, mais surtout d’Hakeem Jeffries, chef de la minorité démocrate de cette même Chambre.

Le temps presse

Plus la joute se prolonge, plus les démocrates seront affaiblis, peu importe qui sera le candidat. Si Joe Biden reste en lice mais que les critiques au sein de son parti persistent, alors la campagne présidentielle sera focalisée sur son âge et son aptitude à exercer le pouvoir.

Il sera impossible pour l’équipe de Joe Biden de réitérer la même stratégie qu’il y a quatre ans : faire de cette élection un référendum pour ou contre l’agenda d’extrême droite de Donald Trump. À l’inverse, si Kamala Harris finit par obtenir l’investiture, tout le temps qu’aura passé Joe Biden à s’accrocher jouera contre elle. Lui qui se disait en 2020 un “pont entre générations” politiques clame aujourd’hui qu’il est le seul à pouvoir gagner. Le sous-texte est clair : sa colistière n’a selon lui pas les épaules…

Cette semaine devrait être déterminante : le Congrès est rentré de vacances et les élus vont pouvoir discuter de l’avenir en personne dès mardi. Quant au président, il aura une ultime occasion de convaincre les indécis lors du sommet de l’Otan de Washington, et de sa conférence de presse prévue jeudi. La moindre erreur pourrait lui coûter cher.

Donald Trump peaufine son programme

À une semaine de la convention républicaine de Milwaukee, le programme prend forme. Lundi, la presse américaine en a révélé les grandes lignes – et c’est Donald Trump qui semble les avoir dictées. La plateforme serait, selon le New York Times, “encore plus nationaliste, encore plus protectionniste et moins socialement conservatrice” que celles de 2016 et 2020. Le texte met le paquet sur l’immigration et les déportations de masse ainsi que sur de nouvelles barrières tarifaires. La section avortement, elle, a été assouplie et ne mentionne plus d’interdiction fédérale, signe que le candidat a compris combien ce thème pouvait lui coûter cher électoralement.

Une manière de se distancier des mesures ultraconservatrices prônées par le “Project 2025”, un projet mené par les alliés de Trump et le think tank Heritage Foundation pour définir les mesures à mettre en œuvre une fois le milliardaire de retour au pouvoir. Alors que la campagne de Joe Biden ne cesse de se référer à ce “Project 2025” pour dénoncer ce à quoi ressemblerait un deuxième mandat Trump, ce dernier a déjà déclaré il y a quelques jours “ne rien savoir” à propos de cette plateforme et de ses créateurs.

La Cour suprême a statué sur l’immunité de Donald Trump

Les juges ont renvoyé lundi 1er juillet aux juridictions inférieures la question de l’immunité pénale de Donald Trump en tant qu’ex-président. La majorité conservatrice considère que “le président ne jouit d’aucune immunité pour ses actes non officiels” mais qu’il “a droit au moins à une présomption d’immunité pour ses actes officiels”. Résultat : la tenue de son procès fédéral à Washington sur les événements du 6 janvier 2021 est encore retardée.

Sa sentence après sa condamnation à New York dans l’affaire Stormy Daniels a été reportée au 18 septembre. Et ses avocats se sont saisis de cette décision pour entamer des recours dans les autres affaires qui le visent.

Hunter Biden a été condamné par la justice

Le 11 juin, le fils aîné du président a été reconnu coupable de détention illégale d’arme à feu. Il était poursuivi pour avoir menti sur sa consommation de drogues lorsqu’il avait acheté en 2018 un revolver dans une armurerie. Il encourt en théorie jusqu’à 25 ans de prison. Dans une campagne électorale classique, cette condamnation aurait pu nuire à son père. Mais au vu de l’actualité du moment pour Joe Biden, cet épisode est vite passé aux oubliettes. Le président a en tout cas affirmé qu’il respecterait la décision de la justice.

Selon les moyennes de RealClearPolling, Donald Trump domine encore et toujours Joe Biden, tant au plan national (+3,4 points, avec un écart qui se creuse depuis le débat) que dans les États-clés (Wisconsin, +1,5 ; Arizona, +5,4 ; Nevada, +5,2 ; Géorgie, +4 ; Pennsylvanie, +5,3 ; Michigan, +0,6).

À titre de comparaison, en juillet 2020, le rapport de force était inversé en faveur de Joe Biden : Wisconsin, +6, 5 ; Arizona, +4,2 ; Géorgie, +3 ; Pennsylvanie, +7 ; Michigan, +7, 5.

Donald Trump aussi s’égare

S’il est impossible d’ignorer les problèmes de Joe Biden, il faut rappeler que Donald Trump a lui aussi ses moments d’incohérence totale. Notamment en meeting, lorsqu’il se lance dans des monologues sans queue ni tête sur les requins, les machines à laver ou encore les énergies renouvelables.

Comme ici, le 28 juin à Chesapeake, en Virginie : “Ils ne connaissent que l’électrique. Il veulent des tanks militaires électriques, des avions électriques… Qu’est-ce qui se passe si le soleil ne brille pas quand vous êtes en l’air ? (…) Ils veulent des bateaux électriques. Le problème, c’est que les bateaux ne flottent pas. La batterie est tellement lourde qu’elle fait couler le bateau.” Vous n’avez rien compris ? Rassurez-vous, nous non plus.

 

 

 

 

AVEC FRANCE 24


IZINDI NKURU

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